vendredi 17 février 2012

CYC'LAB...

A l'initiative de la mairie de Bordeaux, Cyclab est une rencontre internationale inédite destinée à penser le futur du vélo dans la ville durable de demain. Elle réunit les acteurs du monde du vélo urbain industriels et intellectuels, usagers et associatifs, designers et collectivités locales, État et professionnels du cycle.Le seconde édition se tenait le Vendredi 10 février 2012 de 9h à 20h à Bordeaux.
Pendant que les cyclistes agenais(es) affrontaient des températures négatives sans forcément avoir recours aux équipements du futur...
Au départ en gare d'Agen...
...Une fine équipe de VéloCité en Agenais (Laurent Lunati, Anne Loubriat, et Denis Caraire) partait à vélo, en train et pleins d'entrain puiser des pistes de travail et d'espoir à l'Athénée Municipal de Bordeaux devenu le temps d'une journée la mecque de l'ébullition vélocipédique.

Après un apéritif visuel proposé par les élèves de LIMA, une école de design, sous forme d'images de propagande en faveur du vélo, on rentrait dans les choses sérieuses avec Nicolas MERCAT et le Docteur Jean-Luc SALADIN, appelés à s'exprimer sur le thème "quelle place pour le vélo dans la crise".

Nicolas MERCAT, créateur du bureau d'études ALTERMODAL, qui se propose d'étudier les mobilités de demain, présentait un travail touffu montra la place du vélo dans notre économie (déplacements, industrie, commerce, santé... ) en alignant des statistiques aussi intéressantes que génératrices de perplexité (comment peut-on évaluer avec fiabilité les kilomètres parcourus à vélo à l'échelle d'une population nationale?). On retiendra notamment que les français sont très équipés (nombre de vélo par personne) mais avec des vélos pas chers du tout et qu'ils roulent très peu. Le prix kilométrique du kilomètre roulé à vélo en France atteind donc des records par rapport à des pays où on roule plus avec des vélos plus chers mais moins coûteux en entretien.

Plus funky et n'hésitant pas à enfourcher sur scène le magnifique vélo pliant Brompton avec lequel il était arrivé, le Docteur Jean-Luc SALADIN partait dans une présentation faisant des allers retours pleins de surprise entre les questions de santé, les questions de macro économie, et l'avenir de la bicyclette et de ses dérivés, expliquant comment l'exercice physique sauverait le monde à la fois en nous rendant plus intelligents (ou moins stupides) et par les économies induites sur le système de santé. Le public alterna entre l'effroi à l'écoute des effets délétères de la pollution automobile externe et interne à l'habitacle, et l'enthousiasme lors de certains argumentaires éclatants en faveur du vélo. Non réductible au résumé, la prose de notre bon docteur se distille sur l'inénarrable blog "vélo, potager et cerveau" . On trouvera ici un lien vers une des présentations du Docteur SALADIN, beaucoup plus sage et compacte que celle de Cyclab, qui n'est pas encore en ligne.
Un des agréments de Cyc'lab consiste à alterner entre des grands temps d'exploration des questions de fond et des moments plus léger de présentation d'une initiative ou d'un produit. C'est ainsi que nous découvrimes "Popins" un porte parapluie pour vélo inspiré d'une idée japonaise. On gage qu'en cas de chute dans un ravin, cet accessoire permet aussi d'aterrir sain et sauf!
Le "clou" annoncé, médiatisé, de cette journée du vélo prenait la forme d'un barbu replet descendant d'un avion en tenue de moto avant de repartir prendre un autre avion quelques instants plus tard: Monsieur Philippe STARCK, présenté (à son grand dam) à son arrivée sur scène comme un des plus grands designers français, quand son terrain de jeu effectif serait plutôt, on en convient, mondial...
S'inspirant à un degré que l'on ne mesure pas d'une grande consultation des bordelais, il a conçu un solide vélo de transport permettant de passer en mode trottinette dans les secteurs urbains encombrés, le "pibale city streamer". On trouvera ICI une plus ample description du concept et de la commande. Nous ne débattrons pas ici des qualités de ce vélo, vu seulement en images et par le verbe toujours séducteur de Starck, mais il faut noter que ce développement se fait en partenariat avec Peugeot Cycles, qui assemblera en France les pièces produites en chine.
Il est encourageant de voir ainsi un des fleurons du cycle français renouer avec l'innovation dans le domaine du cycle utilitaire urbain.
Il est également fascinant de voir que malgré la qualité et la richesse de l'événement cyclable, l'impact médiatique de la manifestation se résumera grandement à la personne de Starck et à sa création, ce qui fera écho à des présentations d'expériences sur la promotion du vélo par la communication : dans le petit monde du vélo urbain, on sous estime certainement le poids potentiel des "people" dans la promotion de notre mode de transport favori...

Des "people", la Ville de Münich est allée en chercher, mais toute l'astuce de la Ville et de son agence de communication (les deux étaient présentes àn Cyc'Lab, c'est d'avoir joué sur tous les terrains et fait des cyclistes Münichois des célébrités.

Dans le cadre d'une campagne au long cours (sur 5 ans) et avec des budgets énormes, Münich a multiplié les initiatives en direction du vélo, avec un mot d'ordre: faire envie, donner envie.
Le responsable (italien) de la campagne de promotion montra à quel point les actions en faveur du vélo avaient puêtre percutantes à Münich, rappelant à bon escient qu'une politique vélo, ce n'est pas seulement, et très loin s'en faut une question d'infrastructures. Le résultat est simplement époustouflant, il suffit pour en avoir un aperçu de flâner sur le site de la campagne. Même les non germanophones se convaincront rapidement de la qualité et de la variété des initiatives déployées, avec des résultats tangibles en matière de part modale du vélo qui ont dépassé les prévisions.
Une multiplication d'initiatives...
A Vélocité en Agenais, où on est très fiers de nos balades nocturnes mensuelles "VVV" et des agapes qui les clôturent, on ne sera pas surpris de voir qu'une de ces initiatives est une balade nocturne monstre au cours de laquelle un circuit urbain est fermé à la circulation automobile. Qui plus est, nous avons depuis longtemps exploré les liens entre bière et bicyclette... La vidéo qui suit présente le bilan en images d'une année de campagne pro-vélo. Même sans rien entendre à l'allemand, on y puise un enthousiasme certain!


Après la visite de stands installés sous un soleil hivernal place Pey-Berland, la délégation de VéloCité rejoignait le temps de convivialité organisé sous les ors de l'hôtel de ville de Bordeaux... après avoir laissé ses véhicules à la consigne!

La restauration assurée au moyen d'une chaîne humaine continue entre le buffet et le coin de salle où nous tenions salon en compagnie notamment d'un digne représentant de VéloCité en Angoumois, il était temps de regagner à vélo la salle de conférence pour incurgiter un après midi encore plus copieux que la journée.

Au coeur de cette seconde mi-temps, la présentation des expériences de Hertogenbosch au Pays-Bas, Bristol au Royaume Uni et à nouveau Münich.

Alain Juppé, maire de Bordeaux présidait la séance, et ma foi, cela n'est pas désagréable de voir un des premiers personnages de l'Etat s'asssoir une bonne partie de l'après midi pour se préoccuper de vélo, et pas à l'occasion du Tour de France!

Il n'est pas possible de vous présenter un compte rendu détaillé de l'après midi, mais ce que nous avons retenu, pour chacune des Villes présentées, c'est qu'aucune d'entre-elles ne se repose sur une prétendue culture du vélo pour le développement des déplacements à bicyclette. A Hertogenbosch notamment, les points faibles de la ville en matière de cyclabilité ont été relevés avec soin, les budgets infrastructures et communication autour du vélo sont très élevés, et on notera des actions originales comme tout le travail fait autour des enfants de moins de 6 ans en leur qualité de futurs cyclistes. La question des trajets domicile école a été particulièrement travaillée et les enfants envoyés sur leurs parcours avec des appareils photo pour relever les "points noirs" à hauteur de bout de chou!



La vidéo ci-dessus donne une petite idée de ce à quoi ressemble la vie à vélo à Hertogenbosh, mais la leçon donnée à Cyc'lab, c'est que ce qui peut ici nous apparaître comme une sorte de paradis cyclable est le fruit d'une politique active et onéreuse, pas quelque chose de "naturel" qui serait présent dans certains pays et pas dans d'autres.

Avec une intégration moins complète, mais avec des résultats tangibles, l'expérience de Bristol montrait également un fort investissement de la puissance publique. Le site Better by Bike décline les éléments en faveur du vélo. Comme à Münich, on y trouve un calculateur cartographique d'itinéraires.
Les efforts importants menés à Bristol incluent un travail sur les itinéraires à l'échelle de l'agglomération mené dans le cadre d'une coopération intercommunale.


L'image qui précède est extraite d'un document simple téléchargeable qui présente la politique cyclable du "Grand Bristol" et ses résultats, mesurés par comptages routiers, comptages automatiques au droit des itinéraires cyclables et enquêtes auprès des entreprises. Entre 2007 et 2010, la part des personnes effectuant leur trajet domicile travail à vélo est passée de 6,7% à 9,8%. Entre 2002 et 2011, la part des vélos est passée 7,6% à 14,8% sur Gloucester Road, une des artères principales de la ville.

Afin que nous ne soyons pas béats d'admiration, on pourra jeter un oeil au "palmarès des mauvaises infrastructures cyclables à Bristol" alimenté par nos homologues locaux: partout du travail reste à faire!

Au delà des différences, on retiendra des expériences internationales présentées, notamment pour éclairer notre perspective agenaise que:
  • Chaque projet se fixe des objectifs d'augmentation de la part modale de la bicyclette, ce qui implique des comptages réguliers pour vérifier l'efficacité des mesures engagées...
  • Chaque projet a donné lieu à la création et l'actualisation de cartes d'itinéraires pour servir de support à la communication mais également visualiser les discontinuités et y remédier...
  • Chaque projet mobilise des moyens très importants en matière de communication (affichage, web, actions de rue)...
  • Chaque projet inclut massivement des initiatives de vélo école dans et hors cadre scolaire.
Cyclab, matin comme après midi, c'était aussi de nombreux intermèdes. L'occasion de présenter NOOC, entreprise aquitaine de fabrication de vêtements de pluie en matière recyclée pour cyclistes élégant(e)s...

Un défilé très applaudi
L'occasion également d'applaudir des jeunes en formation développant un véhicule à propulsion musculaire, un recordman de vélo couché...

Succès également pour un grand débat (international) sur la prévention du vol de vélo, avec la participation notamment d'un assureur et d'un représentant d'une célèbre marque d'antivols. Pas de conclusions majeures toutefois sur ce point!

Le retour de Cyc'Lab se fit dans des conditions difficiles, dans un train intercités retardé de une heure... De quoi nous remettre rapidement les pieds sur terre mais pas de quoi nous faire renoncer au vélo!

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